Comment Aspasie allie art et science
Faire correspondre une mèche de couleur, c’est un peu comme créer un grand parfum ou un vin d’exception — cela demande du savoir-faire, de l’instinct et des années d’expérience. Lorsqu’on dirige une marque de coloration professionnelle, remettre un nuancier luxueux entre les mains des coloristes raconte une histoire forte. Alors, vers qui se tourner ?
Avec plus de 50 ans à ravir ses clients, Aspasie mise sur le souci du détail, la créativité, la proximité et l’expertise d’une équipe passionnée. Réputée pour ses outils marketing de coloration capillaire — nuanciers, anneaux, éventails, supports promotionnels — Aspasie est une entreprise familiale, fondée par une femme, qui est maintenant dirigée par la nouvelle génération. Le Beauty Industry Report a rencontré leur équipe l’an dernier et a été conquis par leur vision et leur parcours. Nous sommes ravis de vous partager cette conversation.
BIR : Bienvenue à vous ! Plusieurs de nos lecteurs connaissent vos produits, mais peu connaissent votre histoire. Racontez-nous les débuts d’Aspasie.
Nicole Gélinas (présidente du conseil et cofondatrice) : Avec plaisir. Aspasie a été fondée en 1971 à St-Barnabé Nord, près de Trois-Rivières. À l’époque, il était très rare de voir des femmes diriger des entreprises manufacturières — surtout dans le domaine de la beauté.
Mon mari Gaston et moi avons lancé l’entreprise avec la passion du milieu de la coiffure et la volonté de créer les meilleurs outils de promotion pour la coloration. Au fil des décennies, c’est devenu un véritable héritage familial. Nous avons récemment passé le flambeau à nos fils — Maxim, aujourd’hui PDG, Antoine, directeur général, et David, qui s’investit dans d’autres projets. Leur leadership me permet de me consacrer à la philanthropie, en sachant que l’entreprise est entre de bonnes mains.
BIR : Le nom Aspasie est unique. D’où vient-il ?
Nicole : Aspasie était une femme intellectuelle influente de la Grèce antique — respectée pour son éloquence et son audace. J’ai choisi ce nom parce qu’il représentait tout ce que je voulais que notre entreprise incarne : le courage, l’intelligence et la vision. Cet esprit nous anime encore aujourd’hui.
BIR : Vos produits sont utilisés par certaines des marques les plus respectées du secteur. Comment y êtes-vous arrivés ?
Maxim Gélinas : Nous nous sommes toujours concentrés sur la qualité, la personnalisation et l’expérience client. Au fil des ans, nous avons collaboré avec des marques telles que Wella, Goldwell, Aveda, Pravana, Matrix, John Paul Mitchell Systems, Joico, L’Oréal Professionnel, Aloxxi, Sally Beauty, et bien d’autres.
Qu’il s’agisse d’un lancement mondial, d’un rafraîchissement de marque ou d’une campagne promotionnelle, notre objectif est de créer des outils qui traduisent fidèlement l’ADN et la créativité de la marque, tout en répondant aux besoins du point de vente.
BIR : Vous fabriquez tout à l’interne ?
Antoine : Oui, l’ensemble de nos opérations — de la conception à l’assemblage final — est basé sous un même toit à Trois-Rivières. Cela nous donne un contrôle complet sur la qualité et les délais. Et cela permet aussi à nos clients de travailler avec une vraie équipe, pas avec une chaîne d’approvisionnement impersonnelle. Du service client à la conception, de l’échantillonnage de mèches à l’impression, la production, l’assemblage et l’expédition — tout est fait chez nous.
Nous collaborons aussi avec nos entreprises sœurs : Concept POS pour les unités de PLV, et Aspasie IML pour l’injection plastique et l’impression. Nos employés de l’usine et de l’entrepôt travaillent sur quatre jours, ce qui augmente la productivité tout en favorisant un meilleur équilibre vie-travail — une valeur importante pour nous.
BIR : Vous misez beaucoup sur l’innovation et la collaboration. Quoi de neuf de ce côté ?
Antoine : Nous avons lancé une étude sur l’utilisation des nuanciers dans les salons — consultation client, formulation, etc. L’objectif est de mieux comprendre les besoins réels des coloristes pour développer les outils de demain. Les coiffeurs, éducateurs et équipes de marques du monde entier peuvent participer à l’enquête ici : https://bit.ly/4l83u0Z
BIR : Est-ce que les clients peuvent visiter vos installations ?
Maxim : Absolument. Il y a quelque chose de magique à voir une mèche prendre vie — d’un fil incolore ultrafin à une mèche personnalisée, puis au design, à l’impression et à l’assemblage. Nous organisons régulièrement des journées découverte pour les marques à Trois-Rivières. Voir le processus de l’intérieur aide les équipes marketing et éducation à mieux cocréer avec nous.
Nous avons aussi développé un atelier mobile qu’on amène directement dans les bureaux de nos clients — tout aussi immersif, mais sans la visite de l’usine.
BIR : Chaque marque veut se démarquer. Comment les aidez-vous ?
Antoine : Chez Aspasie, on ne croit pas aux solutions universelles. Chaque nuancier est conçu sur mesure, pour refléter l’identité, les objectifs et la vision créative de la marque. Que ce soit un livre rigide, un éventail, un anneau, un classeur, un tableau mural ou un outil promotionnel unique — on les aide à tout imaginer et à concrétiser.
BIR : Qu’est-ce que ça prend pour créer un nuancier sur mesure ?
Maxim : Tout commence par la collaboration. On prend le temps de bien comprendre les besoins, les contraintes budgétaires et la direction artistique de la marque. Très tôt, on crée des prototypes pour valider ensemble le format. Ensuite vient le design des mèches — un travail d’une précision extrême. Chaque mèche est calibrée pour la couleur, la texture, la brillance, la densité, et même la translucidité. Une seule mèche peut contenir plus de 1 000 fibres !
BIR : À quel point une mèche peut-elle être personnalisée ?
Antoine : C’est presque infini. On a déjà produit des centaines de milliers de nuances. Les mèches peuvent mesurer entre 2 cm et 30 cm. Le format ? Balais, boucles en forme de pétales, spirales, arches, cascades… On propose aussi des mèches amovibles avec bouton-pression, velcro ou aimants — selon ce qui sert le mieux le storytelling de la marque.
BIR : Faire correspondre une couleur, c’est à la fois un art et une science ?
Maxim : Exactement. Nous avons dans notre équipe ce qu’on appelle affectueusement “les Yeux” — des personnes capables de lire la couleur comme un nez lit un parfum ou un sommelier goûte un vin. La technologie nous aide, mais l’œil humain reste notre outil le plus puissant.
BIR : Un bel équilibre entre passion et précision.
Maxim : C’est ce qui fait toute la différence. On cocrée avec nos clients en impliquant les équipes marketing, éducation et coloration à chaque étape. C’est un processus inspirant, collaboratif, profondément Aspasie.
Une démarche durable jusqu’à la dernière fibre
BIR : Aspasie est reconnue pour sa qualité d’exécution, mais vos pratiques de durabilité sont tout aussi remarquables. Comment passez-vous de la parole aux actes ?
Maxim : Pour nous, la durabilité n’est pas un département — c’est un état d’esprit intégré à chaque étape. Tout commence avec notre usine qui fonctionne à 100 % grâce à l’hydroélectricité. Au Québec, on a la chance d’avoir accès à une énergie propre et renouvelable, ce qui réduit considérablement notre empreinte carbone, comparé aux combustibles fossiles ou même au solaire dans certains climats.
Antoine Gélinas : C’est dans notre ADN. On applique des pratiques ESG solides à tous les niveaux. Notre processus de production utilise très peu d’eau, et l’eau utilisée est filtrée puis retournée proprement au système municipal. Nous imprimons uniquement sur du papier certifié FSC. Nos outils sont conçus pour résister à une utilisation répétée en salon, tout en maintenant leur qualité visuelle et leur précision. Moins d’usure, moins de remplacement — donc un choix plus durable. Un produit écoresponsable est un produit qui dure.
BIR : Vous détenez aussi une certification Bronze EcoVadis. Que signifie cette distinction ?
Antoine : EcoVadis est une plateforme mondiale d’évaluation de la performance durable. Le niveau Bronze nous place parmi les meilleures entreprises au monde en matière de pratiques durables. L’évaluation porte sur quatre piliers clés : environnement, droits humains et du travail, éthique, et approvisionnement responsable. Ce n’est pas seulement une question d’écologie — c’est aussi la façon dont on traite les gens, dont on sélectionne nos fournisseurs, et dont on se gouverne avec responsabilité.
BIR : Et sur le plan de l’approvisionnement responsable ?
Antoine : Nous sommes très sélectifs. Une grande partie de notre papier provient de Suède, un pays reconnu pour ses standards environnementaux élevés et la qualité de son papier. Tous nos papiers sont certifiés FSC, et nous proposons aussi des options recyclées. De plus, tout est imprimé chez nous, pour réduire le transport et la consommation d’énergie.
BIR : Qu’en est-il de la réduction des déchets dans vos produits ?
Maxim : C’est une priorité. Chaque composant du nuancier — jusqu’au plus petit bouton — est une occasion d’amélioration. On a mis en place des systèmes de recyclage à travers l’usine, et on a repensé certaines pièces pour réduire l’usage du plastique. Par exemple, les boutons pression sont faits à partir de plastique recyclé. Même les fibres de nylon utilisées pour les mèches proviennent souvent de filières de récupération.
BIR : Une combinaison puissante : fabrication de précision et conscience environnementale.
Antoine : C’est exactement ça. Pour nous, un produit beau doit aussi être responsable. En tant que fabricant, nous prenons cette responsabilité très au sérieux.
L’humain au cœur d’Aspasie
BIR : Racontez-nous comment vos outils prennent vie.
Antoine : À notre usine de Trois-Rivières, plus de 120 personnes œuvrent en conception, fabrication de mèches, impression, moulage, assemblage et expédition. En période de pointe, notre famille s’agrandit.
On fait appel à un vaste réseau de collaborateurs temporaires et à des travailleurs à domicile — un peu comme dans la haute couture, avec nos « petites mains ». Il s’agit de parents à la maison, de personnes à mobilité réduite, de personnes neurodivergentes, de retraités ou de gens qui veulent simplement contribuer à quelque chose de concret.
Certaines de ces mains sont avec nous depuis le tout début. Leur dévouement, leur souplesse et leur finesse sont présents dans chaque nuancier qui quitte l’usine. Et une nouvelle génération monte en force — passionnée, compétente et prête à perpétuer le savoir-faire.
BIR : Parlez-nous de votre équipe développement et ventes. Qui sont les visages derrière vos partenariats ?
Maxim : Nous sommes fiers de notre équipe. En première ligne, il y a Solenn Büttner, notre directrice de comptes sénior, dotée d’une grande écoute client, et Katherine Dubuc, gestionnaire de comptes, reconnue pour son approche personnalisée. Martin Diamond, notre directeur des opérations, assure structure et élan à chaque étape. Karine Larouche mène l’amélioration continue pour optimiser chaque projet. En studio, Patrick Noël dirige la création avec un œil de lynx. Et nous collaborons avec Alain Audet de Solnyx Consultants, qui accompagne nos efforts en développement des affaires et en marketing avec une grande finesse stratégique. Ensemble, nous incarnons l’excellence et la collaboration — des valeurs chères à Aspasie.
BIR : Dans un contexte économique mondial instable, comment Aspasie assure-t-elle sa stabilité ?
Maxim : Nos racines canadiennes sont un atout. Grâce à l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), nos produits circulent sans tarif en Amérique du Nord. Plus de 95 % de nos composants sont fabriqués localement, on utilise de l’énergie renouvelable, et nos chaînes d’approvisionnement sont courtes. Cela nous permet d’offrir des prix stables et des délais fiables — même en période de turbulences mondiales.
BIR : Un dernier mot ?
Antoine : Après plus de cinq décennies, notre passion est intacte. Que vous lanciez une nouvelle gamme ou redonniez vie à un classique, nous sommes là pour vous aider à faire rayonner vos couleurs — avec beauté, responsabilité et cœur.
Pour en savoir plus, contactez Maxim Gélinas à [email protected]